Médias Bla-Bla

Quand on entend ce que l'on entend, que l'on voit ce que l'on voit, et que l'on paie ce que l'on paie on a bien raison de penser ce que l'on pense !
Il y a ceux qui sont dans le poste et ceux qui sont devant le poste. Les premiers parlent sans savoir les autres savent sans pouvoir parler.



blabla politique
  Les camelots de l'info font ils vraiment l'opinion ?
Font-ils la vôtre ? Feraient ils celles du pouvoir dont ils publient les "fuites"...
Sont ils vraiment légitimes, sont ils crédibles ?
Ils interviennent sur les sujets qui font le buzz comme décrypteurs, éditorialistes, chroniqueurs, commentateurs etc... avisés voire spécialistes et même experts !
Un politique dit quelque chose et toute cette basse-cour de l'info se met a caqueter tout et n'importe quoi pendant des heures voire de jours ou des semaines avec une rare suffisance, ils savent tout !
Pourtant a écouter cette jactance, souvent l'on se demande quelle légitimité ils peuvent bien avoir sur le sujet traité.
Aujourd'hui c'est eux le sujet et c'est vous qui donnez votre avis !
Dites lui ce que vous pensez de sa prestation...

Macron, Ma vérité si je mens

publié le Apr 05, 2022 sous Politique spectacle, Autres
tags fake fake news arme politique

La figure du journaliste est plus essentielle que jamais », « Le travail de la presse revêt une fonction démocratique essentielle »... 

Le 3 janvier 2018, lors des premiers vœux à la presse de son mandat, c'est sans modération qu'Emmanuel Macron exalte la « fonction fondamentale » de la profession, souhaitant à ses hôtes de « pouvoir exercer ce beau métier de journaliste dans l'indépendance et la liberté ». 

Six mois plus tard, le 24 juillet, devant tout le gouvernement et un parterre de députés LRM réunis à la Maison de l'Amérique latine, changement de registre : 

« Nous avons une presse qui ne cherche plus la vérité. » 

Les médias veulent « se muer en pouvoir judiciaire ». 

Ils racontent « des fadaises ». 

Ne sont-ils pas prêts à « fouler au pied un homme et, avec lui, la République » ? 

On croirait du Fillon dans le texte, quand il faisait huer les journalistes au début de ses meetings.


Entre les deux séquences, il y a eu le feuilleton de l'affaire Benalla, avec la mise en cause du « chargé de mission », gorille et homme à tout faire du couple présidentiel, accusé d'avoir tabassé des manifestants le 1er-Mai précédent à Paris. 

Les images de son intervention musclée sont accablantes, mais Macron dénonce, sans aucun filtre, une manipulation des images et une occultation délibérée du « contexte ». 

Il fait un procès en malhonnêteté à la presse, mais la justice en marche, après vérification des faits, finit par condamner le protégé, le 5 novembre


2021, à trois ans de prison, dont un ferme. 

Les juges dénoncent aussi une volonté de « discréditer les plaignants ». 

En cause, le faux montage réalisé par... l'Elysée. 

Pour démontrer que son camarade n'avait fait que casser du casseur, le conseiller spécial du Président, Ismaël Emelien, a en effet produit un petit film maison assemblant deux séquences vidéo dans un même fichier. 

La première, extraite illégalement des caméras de surveillance de la Préfecture de police, montre les futures victimes de Benalla en train de lancer des projectiles sur les policiers. 

La seconde est une supercherie totale : elle a pour vedette une personne poursuivant un agent avec une chaise à la main mais qui n'a rien à voir avec l'affaire.


FICTION. Devant les enquêteurs de l'inspection générale de la police nationale, le « mormon » préféré du Président confesse qu'il a consciencieusement collé les deux et demandé au responsable de la « riposte » de LRM de balancer le tout sur des comptes anonymes pro-Macron. 

Où est le mal ? 

« Sur Twitter, c'est un peu la règle », bafouillera-t-il un soir dans « C à vous » (28/3/19). 

A l'Elysée, ça ne choque personne, et surtout pas Sibeth Ndiaye, alors cheffe du service de presse de la Présidence, qui s'est chargée de populariser cette belle fiction auprès des journalistes.


Quand elle est à la manœuvre, la communicante - à qui Macron confie bientôt la mission de porter la parole du gouvernement - n'est pas trop regardante sur l'éthique. 

Et elle le dit sans détour : « J'assume parfaitement de mentir pour protéger le Président. » 

Elle se fait aussi une joie de scénariser les fulgurances du patron. 

Le 12 juin 2018, elle met en ligne une vraie-fausse vidéo volée du Président s'emportant devant ses conseillers contre le « pognon de dingue [qu'on met] dans les minima sociaux ». 

L'objectif, c'est de diffuser sur Twitter l'idée, libérale à souhait, qu'il faut trouver « autre chose » pour lutter contre la pauvreté... 

La manip revient comme un boomerang à l'envoyeur. 

Ces épisodes grandioses ne découragent pas pour autant l'activisme débridé de la nébuleuse macronienne sur les réseaux sociaux. 

Le digital est dans l'ADN du mouvement, avec, toujours, ce goût frénétique pour l'anonymat, marqueur, pourtant, des trolls d'extrême droite. 

Tant pis si ses méfaits « problématiques » ont été dénoncés par le Président ; là, c'est pour la bonne cause. 

Depuis la campagne des européennes de 2019, LRM peut ainsi compter sur le dévouement des #MacronistesAno-nymes sur Twitter, du groupe Team Progressistes sur Facebook, de @teampro-gressist sur Instagram et des dizaines de « boucles » de « Riposte en Marche ! » sur la messagerie Telegram. 

Une armée de petits soldats stakhanovistes qui ont publié jusqu'à 115 messages par heure - avec des moyennes à 519 par jour et un record à 700 - glorifiant la liste Renaissance européenne, menée par Nathalie Loiseau. 

Pas très net, tout ça...

Allons, ces quelque 4 626 comptes identifiés, c'est juste pour contrer le Macron-bashing. 

« Il n'y a évidemment pas de robots » derrière ces offensives concertées, jurent les apparatchiks. 

Rien que des « des initiatives individuelles ». 

Ce n'est plus du militantisme, c'est de la rage numérique pour défendre, à un rythme industriel, et parfois de façon très agressive, la « vision » indépassable du président de la République.


ROBOTS. Cette tendance à l'« astrosurfing » (gonflette artificielle pour simuler un effet de masse spontané sur Internet), avec de faux comptes grossiers (ah, la pulpeuse Natalia de Saintonges, dont le profil a été fabriqué avec la photo d'une actrice porno et qui a connu un grand succès éphémère !), les prêches des responsables locaux en faveur de la « réinformation » et les appels d'Aurore Bergé pour « armer les militants à réagir » n'ont pas empêché Stanislas Guerini, délégué général de LRM, d'écrire une lettre de premier communiant aux chefs de parti, le 14 juin 2021. En vue de la présidentielle, il leur a proposé de s'engager « ensemble » sur un texte commun visant à pourfendre les « nouvelles formes de propagande numérique ». 

A savoir : « propagation virale de fausses informations, campagnes de cyberharcèlement, raids numériques, faux comptes, faux sondages », etc.

Les destinataires n'ont pas répondu, mais ils ont bien rigolé. 

Le Canard enchaîné Dossiers N°37